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Nadoch

Niouzes de la villa dimanches, de ses habitants, de ses visiteurs. Totalement narcissique.

Effondrée

Publié le 20 Janvier 2010 par Nadine in Haïti

EvelineCette photo illustrait un article de Libé hier. C’est Eveline, la directrice de la crèche Notre Dame de la Nativité que l’on voyait avec Neel à Guéret dans le post de vendredi. La crèche, construite en béton, était proche de l’épicentre du séisme. Elle s’est effondrée et la moitié des enfants sont restés sous les décombres. Les survivants dorment maintenant dans la rue et attendent de recevoir soins, eaux et nourriture. Eveline avant avait déjà du mal à nourrir tous les jours les 130 enfants, il faut maintenant leur construire un toit : vous pouvez passer pour vos dons par l’OAA qui nous a permis de les connaître, Ti Malice.
Il y a eu dimanche dernier la messe en créole à Marseille. C’est la messe habituelle du 3ème dimanche de chaque mois. Elle était cette fois-ci aussi en français et en créole car l’assistance était beaucoup plus fournie. J’y étais même si je ne suis pas toujours folle de la messe. L’émotion était palpable et très digne. La communauté haïtienne de Marseille était là, debout, prête à servir son pays qui est aussi un peu le mien maintenant. L’homélie du père Soler était très bien, militante. Les prières ont demandé de ne pas perdre l’espoir. C’est ce qu’il faudra aussi — au delà de l’eau et de la nourriture — dans les prochains mois.


Dans les crèches d’Haïti, l’attente des orphelins
LE MONDE | 19.01.10 | 10h21  •  Mis à jour le 19.01.10 | 10h24
Port-au-Prince, Envoyé spéciale
 




lle est élégante, Evelyne Midi Jacques, les cheveux lissés et tirés en arrière et la robe de coton blanc, brodée, impeccable. "Dans la poussière, le malheur, le chaos, la femme haïtienne veut toujours rester digne, présentable. C'est une question de respect", dit-elle simplement.
Depuis six jours, elle dort sur le bord de la rue Delma, un quartier populaire, avec 78 enfants de 5 mois à 8 ans. Depuis six jours, elle court, soigne, rassure, console, nourrit, fait face. Depuis six jours, elle lutte contre cette image obsédante qui ne la quittera plus : l'ensevelissement sous les gravats de la crèche Notre-Dame de la Nativité dont elle est la directrice. La perte, en quelques secondes, de 56 enfants.



"On avait fini de laver les petits. Ils étaient tous devant le grand poste de télé pour voir un DVD, Blanche-Neige, ou quelque chose comme ça. Moi, j'arrivais tout juste en voiture. Soudain, il y eut un terrible grondement. Ce bruit ne me sortira jamais de ma tête. Dans l'auto, c'est comme si on était dans la mer, et qu'on allait être englouti. Je suis sortie, me suis cramponnée à la barrière, le garçon de cour m'a alors retenue dans ses bras. "N'entrez pas", m'a-t-il dit. "C'est l'horreur. C'est pas quelque chose à voir. Les enfants sont tous morts"."

Devant elle, un gigantesque nuage noir. Elle s'est précipitée sans pouvoir rien distinguer, elle a appelé à l'aide. Et dans le fatras, le béton, la poussière, guidée par les cris, elle a retrouvé près de 70enfants. Quelques autres émergeront des ruines, un jour plus tard, deux, voire cinq pour une petite fille, Angeline, qui, depuis, couverte de plaies, ne parle guère.

Elle nous montre les ruines, puisqu'on le lui demande. La maison, dit-elle, était jolie et fonctionnelle avec la pouponnière à l'étage. Il n'y a plus de nourrissons. Et ce soir, c'est dans le petit jardin d'une autre maison fêlée qu'elle va installer les enfants. Une maman la suit, hagarde, dont une petite Falah est morte dans la crèche. Une autre arrive qui, désemparée, voudrait lui confier son fils de 8ans. Oui, les enfants de la crèche ont des parents biologiques. Et quelque part en France des parents adoptants.

"Je les connais !, dit Evelyne Midi Jacques. Ils ont déjà tous passé une huitaine de jours avec les petits. Et j'imagine leur angoisse aujourd'hui. Mon Dieu ! Mon téléphone ne fonctionne plus mais c'est un soulagement de n'avoir pas à leur répondre. L'ambassade pourra le faire puisque j'ai donné tous les noms." Elle voudrait plus, en fait, de l'ambassade : un grand coup de pouce pour accélérer les adoptions. "Je veux mettre à l'abri mes petits survivants. Qu'ils partent chez leurs parents français ! Qu'ils quittent ce pays qui ne peut rien leur offrir. Qu'on les évacue au plus vite. On régularisera les papiers ensuite." Les dossiers ? Les agréments ? La procédure ? "De quoi me parlez-vous ? Il y avait des dossiers à tous les stades du processus: parquet, ministère de la justice, ministère intérieur. Mais ils sont tous détruits, enfouis ou brûlés ! Les enfants ne peuvent attendre !"
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