— J’ai ôté mes quatre enfants de l’école et je leur fais la classe à la maison.
— Mon fils est dans une pension (privée) où l’uniforme est obligatoire et la discipline très stricte. C’est tellement bien qu’ils refusent du monde.
— Le collège bidule à pédagogie différente responsabilisant l’élève (genre Freynet, Decroly). Très bien (pour de bon, je ne suis pas ironique) mais… les profs ne doivent pas compter leurs heures, d’ailleurs leur horaire est annualisé (je me demande d’ailleurs pourquoi on ne leur a pas mis un internat pour s’occuper des élèves le soir et la nuit aussi…).
— Mlle Truc, malgré ses notes brillantes, a choisi le LP (plomberie), elle est très heureuse mais le top c’est l’apprentissage, d’ailleurs les patrons ne rêvent que de former des apprentis. Et puis on est mieux formé en sortant de LP que dans les filières générales qui ne mènent qu’au chômage (euh… ils sont sûrs… ?).
— Le football, école de la discipline qui fait des miracles sur les élèves en rupture scolaire (apprentissage de la règle etc…) : Tapie nous avait déjà fait le coup au début des années 1980. Idem pour la musique…
— Acadomia, la boîte privé qui fait réussir les élèves avec des cours particuliers.
— Le collège machin où la principale a convaincu depuis très longtemps les profs à pratiquer l’auto-remplacement et où ils font du soutien tous les soirs jusqu’à 18h30 (sous-entendu, eux au moins se bougent, pas comme les autres feignants).
Les gens sur le plateau étaient à l’unisson. Tous ces trucs sont formidables, faut que l’école bouge, que les établissements soient plus autonomes, et aussi plus de discipline comme au temps de grand-papa avec des recettes simples mais efficaces. D’ailleurs le seul instit sur le plateau était un type qui appliquait la méthode syllabique avec des manuels vieux de cinquante ans (dixit) et qui était, paraît-il, saqué par sa hiérarchie. Bref tout cela sentait très mauvais !
Cette mauvaise odeur était une subtile alliance de réactionnaire (le bon vieux temps, l’instruction avant l’éducation), de libéral (le choix de chacun, l’éducation c’est l’individu en dehors du collectif) et de casse du service public et des droits des salariés qui y travaillent. C’est bien dans l’air du temps, celui de la lettre aux éducateurs de Sarko, et de ce qu’il promet à la fonction publique.
Ces idées entrent insidieusement, sous couvert que c’est avec les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes mais qu’il faut être moderne et savoir réformer. Le problème c’est que tout cela est toujours dans le même sens. Le principe de base est de casser le service public et les statuts des salariés, et après on enrobe le tout dans un discours pédagogique ou éducatif. Et même ça : personne n’a dit que l’école est aussi une machine à reproduire les inégalités sociales. Personne n’a évoqué la violence sociale et symbolique que subissent les enfants des classes populaires. Tous les modèles qui nous ont été présentés valorisent l’entre-soi (l’internat privé, les cours particuliers, jusqu’à l’école à la maison), le projet individuel et non pas le vivre ensemble. Si c’est ça l’école de demain, je me demande ce que j’aurais à y faire… Donc si vous voulez une école ambitieuse avec des personnels valorisés :
jeudi 18 octobre ! (10h30 Vieux-Port)