Avec Enis nous avions convenu d'aller manifester le 1er mai du côté de Taksim et Beşiktaş. Depuis longtemps, et en particulier depuis les massacres de 1977, le 1er mai est une date importante des luttes en Turquie. Mais hier soir, j'ai reçu ce courriel :
Hello nadine. I was with some friends this evening and one of them told me that it will not be safe for you so i decided to go there without you. Im afraid if something happens to you.
Effectivement,il m'avait promis a lot of fun, mais à quelques heures du spectacle, il a eu un peu peur. C'est donc toute seule, ou plutôt seulement équipée de mon drapeau FSU que j'ai rejoint Beyoğlu où se déroulaient les festivités. J'y suis allée à pieds puisque les transports publics étaient fermés : il ne faudrait tout de même pas que les gens puissent aller à une manif interdite par sa seigneurie Erdoğan.
Plus je me rapprochais, plus la densité de flics augmentait.
Arrivée à Tünel, impossible de continuer : des barrières anti-émeutes en travers des rues et des flics partout. J'ai dû rebrousser chemin.
C'est Enis revenu à l'hôtel vers 15 heures qui m'a raconté ses aventures : lances à eau, gaz lacrymo etc… Quand les manifs étaient autorisées il y a deux ans, il ne se passait rien. Avec l'interdiction depuis l'année dernière, on s'y amuse follement. Merci Erdoğan !