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Nadoch

Niouzes de la villa dimanches, de ses habitants, de ses visiteurs. Totalement narcissique.

Minarets, alpages et chocolat

Publié le 30 Novembre 2009 par Nadine in Réflexions profondes

PhotoService.com
Quelle horreur ces clochers disait un sénateur des Allobroges, prêtre de Jupiter, en voyant la basilique de sa cité transformé en église… Je plaisante mais à peine. Les clochers sont apparus bien après le triomphe du christianisme dans l’Empire romain tardif, mais mis à part ça, le vote hier de nos voisins helvétiques… n’a rien à voir avec cette remarque, sauf que j’ai entendu à la radio ce matin que les clochers eux, faisaient partie du paysage de la Suisse et non les minarets, et que c’était un vote d’avancée de la laïcité. Il faudra donc m’expliquer pourquoi la Suisse a donc un paysage figé de toute éternité, et pourquoi une religion plus qu’une autre (ils n’ont pas encore interdit les wat et les pagodes il me semble) relève de l’anti-laïcité. Mais ne faisons pas les malins, nous avons eu depuis longtemps un cran d’avance avec une loi anti-islam qui interdisait les voiles et rien d’autre et certains réfléchissent encore sur la burka dans l’espace public.
Parce qu’on se trompe de débat ! On écrit religieux là où on devrait écrire social. Parce qu’au fond, tout ça ce sont des lois anti-pauvres, anti-prolo, drapées dans le discours national, et le plus triste du truc c’est que la gauche s’y vautre parfois autant que la droite, sans voir le leurre : pour éviter une vision de la société en classe sociales, on la découpe en tranches verticales qui n’ont guère de sens, assignant aux individus une identité religieuse (j’ai bien écrit éviter). Pour éviter de poser des vraies questions, et résoudre de vrais problèmes on assigne cette identité que l’on rend bien repoussante. Quels problèmes ? Par exemple celui de l’intégration du prolétariat dans la communauté politique et de la répartition des richesses. Par exemple celui de l’origine européenne de l’antisémitisme (Drumont était bien Français, non ?) en faisant payer aux Palestiniens le prix de la destruction des Juifs d’Europe. Et le pire c’est que, pris au piège, ceux qui y sont assignés approuvent et enfoncent le clou. Deux exemples, l’un national, l’autre international puisque les sujets se croisent :
La lutte des Arabes en général et des Palestiniens en particulier ayant échoué au plan des revendications nationales (de Nasser à Mahmoud Abbas), le relais est pris par la revendication islamique qui s’impose comme plus légitime et plus efficace. Bienvenue aux mollah depuis 1979… Tiens c’est juste un an après les accords de Camp David qui ont fait de l’Egypte le chien de garde des intérêts US et Israéliens dans la région. Bienvenue au Hamas, après avoir fait échouer le processus d’Oslo. Bienvenue enfin au… néo-antisémitisme d’un Ahmadinejad. La boucle est bouclée.
La lutte des travailleurs maghrébins et aujourd’hui de leurs enfants et petits-enfants est passée par beaucoup de stades. Après les épisodes concernant la Guerre d’Algérie, les travailleurs immigrés étaient comme tout le monde dans les années 1960-1970 : à la CGT. Mais il y a eu la baisse de la syndicalisation et de la politisation, puis des revendications spécifiques qui étaient plus du social. On se souvient de la Marche des Beurs en 1983 : il y avait deux prêtres, mais c’étaient un catholique et un protestant, et les modèles étaient Gandhi et Martin Luther King. On a vu la suite : la gauche n’a pas ou peu tenu ses promesses, le code Pasqua de la nationalité a créé la suspicion sur le droit du sol et aujourd’hui, combien est-on à réellement s’opposer aux reconduites à la frontière ? Quel relais politique ? Alors c’est devenu plus facile de jouer aux néo-musulmans, au moins la caricature est approuvée par le public. Tant qu’à être rejeté, autant savoir pourquoi. Dans les années 1970-80, peu de femmes portaient de voile, si c’est quelques mémés au visage bariolé de henné. Aujourd’hui des jeunes, francisées et francophones le portent de manière coquette.
Comme il plus facile de prendre des schémas préétablis que de réfléchir, cette assignation au religieux et non au social arrange tout le monde. On rajoute une louche d’essentialisme ou de culturalisme sur d’un côté la nation éternelle, l’Europe chrétienne et de l’autre le Coran dit ceci et cela et le musulman est comme ci ou comme cela, et tout roule parce que tout est simple. Donc… les grand méchants minarets ne doivent pas pousser au pays des banques, des montres et des clochers. Mais il y a trente ans n’était-ce pas les Ritals qui n’étaient pas toujours bienvenus dans les alpages ? Tiens déjà y avait déjà un Turc dans Pain et chocolat en 1972… regardez…
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